#TakeThisWaltz, poème de Joëlle Delers, décembre 2020. Tous droits réservés. 

#TakeThisWaltz a été écrit et initialement publié du 17 mars au 26 mai 2020 sur https://framapiaf.org/@jjjjdelers

J4. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. Nous sommes mardi. 17. mars. ciel bleu clair. 8h32

#TakeThisWaltz
Faire attention : l’écran ne remplace pas la volupté de la voix
Retrouver les mots avant de les perdre complètement
Le désastre vers lequel nous allons est-il si évident
L’amour nous sauvera-t-il de la dispersion
Le désastre vert

Résistez
Relativisez
Aimez
Riez
Nos ressources humaines sont infinies

Fil rouge
L’espoir est au bout
Tenir pour construire
Deux mois sans doute
6 semaines – 1er mai

Ecrire sur cahier avant tweet
Donner chair aux mots

1er mai rouge
De pleurs et de larmes
Libres. Embrassades
En aurons-nous encore le goût

J’écris ici avant que les enfants prennent vie. J’écrirai les matins. 8h46. A demain

J5. Ecrire les jours pour ne pas oublier.
Nous sommes mercredi. 18. mars. 7.54 #TakeThisWaltz

Par où commencer ? ai-je demandé un jour aux filles de l’atelier. Et j’y reviens. Les questions bouclent. Ne laissent pas seules. Les mots dansent.
L’immobilité n’existe pas, la légèreté peut-être.

Marcher pour exister, mais, sans cela, que, reste-t-il de tangible
Comment tracer route sans pied
Nous sommes fortes de nos forces et faiblesses
Notre vulnérabilité nous protège.
Mais pas seulement
Notre vulnérabilité vivante et frémissante, est sur chaque parcelle de notre peau
QUI AURA LE DERNIER MOT

Nous sommes bien peu de choses et mon amie la rose me l’a dit ce matin

Natacha Atlas – Mon amie la rose

Vais-je vraiment prendre ce temps-là tous les matins. Ecrire 10 min. Voudrais-je. Y aura-t-il des jours où les mots seront vides. Cela durera-t-il assez longtemps pour le savoir.

L’énergie de mes fils, angoisses et frustrations. Miroirs de nos âmes.

Une envie de glace ce matin, glace à la vanille saturée de sucre, de bord de mer, du bruit des vagues, de la foule bête et joyeuse. Ça s’appelle imagination. Ou souvenir. Ou envie.

Ni. se lève, visage chafouin. Et son sourire illumine la pièce.Ni. prend son cahier, son feutre noir et, à coté de moi, trace des lettres qui n’en sont pas. Mystère de l’âme.
Enfants en vie. 8.25. A demain.

J6. Ecrire les jours pour ne pas oublier. Nous sommes jeudi. 19 mars. 7.31. Ciel bleu lumière

Et une traine blanche d’avion. Qui va vers le Nord. Combien de passagers.

Enfants déjà là
La traine a disparu
Le ciel bleu lumière

Réveil à la lumière du printemps. C’est mieux. Mots secs ce matin. Les idées tourbillonnent sans se poser.

J’aurais aimé une heure sans la voix des enfants. Le temps du café du matin. Et même. La voix des enfants le matin est un émerveillement quotidien. Leur présence, leur conscience en éveil, sourire aux lèvres.

Je ne veux pas écrire sur mes fils.
Je ne veux pas écrire sur le confinement.
Je veux écrire sur ce qui reste

Brouhaha, ai-je dis aux enfants du centre de loisirs mercredi dernier.
Mercredi dernier.
Les enfants sentaient la tension impalpable des adultes. Intenables, nous disions toutes. Tenir un enfant. Non sens. Papillon vole.
Et l’idée reste en suspens.
Seul le brouhaha de mes enfants pour les prochains temps.

Je ne veux pas écrire sur mes fils.
Je ne veux pas écrire sur le confinement.
Je veux écrire sur ce qui reste.

Ciel bleu lumière sans traine d’avion.
Et si j’ouvre la fenêtre, aurais-je le brouhaha de la voie rapide ?

10 min ne suffiront pas à faire le ménage corporel. Ôter l’angoisse sourde de faire comme si de rien n’était. Toute une journée.
Prévoir une heure. Voler une heure. Le temps du café du matin.

Ouvert fenêtre pour prendre photo.

Et si – brouhaha de la voie rapide – où vont les voitures
Seule la neige impose silence
J’aurais aimé
8.12. EN VIE
A demain

J7. Ecrire les jours pour ne pas oublier. Nous sommes vendredi. 20. mars. 8h14. Ciel blanc moutonneux, quelques filaments de bleu.

Le temps change, dirions-nous dans d’autres circonstances.
Les temps changent, dirons-nous dans quelques temps. Peut-être.
Le temps s’étire, la longueur du temps. Lenteur. Langueur.
Imperceptiblement le changement s’installe. Espèce de sidération collective. Acceptons-nous l’invraisemblable, j’allais écrire, l’inacceptable, par peur de mourir

Juste la peur de mourir qui nous tient à la gorge
« Ne sortez pas, vous mourrez »
« Ne sortez pas, vous tuerez »
Le temps change imperceptiblement ce matin
La lumière du printemps cède place aux nuages

Gardez en tête : nous sommes des confinés de luxe. Nous avons un toit, de l’eau, de l’électricité et ce qu’il faut pour nous divertir à l’intérieur.
Je pense aux familles Roms de la forêt.
Je pense à ceux dont la survie dépend de ce qu’ils gagnent la journée.
Vulnérabilité.

Première voiture devant ma fenêtre
La poésie ne peut respirer sans rencontres, croisements et confrontations.
Je me trompe.
La poésie respire partout où l’âme a besoin de souffler.
La poésie respire, je respire, je dompte la peur, le temps peut changer, ma vulnérabilité, c’est ce qui reste.

Organiser les jours pour que la vie construise du sens.
Une succession de jours sans construction et l’âme fond.
Garder en tête projets et futurs
DIRE – La vie reprendra comme avant
Tenir l’espoir sur un fil pour garder le combat
L’existence ne perdra pas sa saveur du jour au lendemain
Profiter des parenthèses pour entrouvrir l’espace des frustrations, envies et rêves
Demain est possible

Rires fusent
En jeu et mouvement
#TakeThisWaltz
Enfants là. 8h50. A demain

J8. Ecrire les jours pour ne pas oublier. Nous sommes samedi. 21. mars. 8h07. Ciel gris clair. Sacre du printemps.

Tout va bien. Nous sommes en forme. Ensemble. Nous sommes inquiets pour les amies en première ligne. Nous ne dormons pas bien. Nous pensons à demain avant d’y être, à demain qui change de face tous les jours.
Monde flottant.
Qui nous attend?

Les yeux papillonnent de trop d’écran. La tête douloureuse. Une pause est nécessaire. Samedi. 8ème jour.

Petits pas dans le couloir
Désaccord entre frères
Rires francs

Tout va bien. Nous sommes en forme. Ensemble.

Le vide, rien ne vient, attente, ciel gris, yeux douloureux, pas grave, tout va bien, trouver le calme dans le jour à venir. 8h31. Petits pas résonnent. A demain

J9. Ecrire les jours pour ne pas oublier. Nous sommes dimanche. 22. mars. 9.00. Ciel bleu blanc dessiné par le vent.

Pas pu écrire hier, douleur dans les yeux, trop d’écrans cette semaine, besoin d’horizon.
Aujourd’hui encore, les yeux papillonnent, le corps rappelé à l’ordre, fuite en avant d’infos multiples, le corps flottant, chercher l’ancrage, l’instant est présent, la vie, ici & maintenant.

Les amies proches, échanges via le réseau lointain, nos recettes et sourires font le tour du monde, tout ceci est-il bien normal, logique, acceptable.
Pouvons-nous reproduire nos échanges quotidiens, sourires, soupirs et anecdotes via le réseau. L’avenir le dira.

Besoin d’un horizon temporel, l’horizon spatial réduit à peau de chagrin. Nous avons dit :
« La vie s’arrête deux mois »
Mais la vie continue, avance, inexorablement, nous ne reviendrons pas en arrière.
Les vies brisées par la maladie devront se reconstruire, les morts sont bien morts, nous les pleurons, nous mesurons l’étendue du désastre.

Désastre.
VERT de rage. Comment ne pas l’être. Pas de masques en France. En Europe. Comment ne pas l’être. Pas de recherches en France. En Europe. Et pendant ce temps, allons au théâtre, ça ne mange pas de pain. VERT de rage. Le désastre est à la hauteur de nos abandons.

Besoin d’un horizon, d’une lueur, besoin d’amour et d’amitié. L’humain est social. Le lien est corporel : toucher, sentir, danser. Ensemble.
L’humain est social corporel, social sensoriel.
Besoin d’un horizon corporel. #TakeThisWaltz 9.13. ENVIE. A demain

S2. Ecrire les jours pour ne pas oublier. Nous sommes lundi. 23. mars. 12.09. Grand ciel doré.
A partir de la 2ème semaine, je ne compte plus les jours, j’écris en pointillés pour être sûre de ne pas rêver.

Le temps frais réveille le matin, l’aurore n’est pas pour demain. Avance chagrin de ne pas se mouvoir au rythme de la saison qui avance quoi qu’il arrive.

S2. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. Nous sommes mardi. 24. mars. 9.36. Ciel bleu lumière, frémissement des feuilles.

Ecrire sans vouloir dire est un sacré exercice. Ne pas vouloir dire, ne pas raconter, ne pas ouvrir la fenêtre aux souvenirs et émotions, ne pas tomber.
Alors je barre mon cahier ce qui ressemble à un récit ou une opinion. Ce qui reste est sec. Où est la chair de l’être.
Comment donner corps aux mots
DIRE
RACONTER
OUVRIR
TOMBER

A une amie hier, j’ai demandé
« Arrives-tu à garder le mouvement vivant »
L’amitié, savoir qu’elle est là aussi quand on s’est croisé 3 fois. Connivence. A l’essentiel.

Je vole le temps, l’espace entre deux échanges, fractions de secondes, temps suspendu, ici & maintenant.
Ecrire pour ne pas tomber. 9.48

S2. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. Nous sommes mercredi. 25. mars. 7h33. Reflet de soleil éblouissant sur la facade en face.

Et effectivement, j’oublie les jours. Dans mon sommeil de réveil, je me demandais si lundi, mardi, ou déja dimanche. Et quand j’écris la date, je tourne les pages pour, ah oui, le 25. Et hier, mon décompte, perdue. Nous sommes J12 et nous savons que cela va durer. Que nous devons nous attacher aux petites joies quotidiennes, étendre notre toile de notre entourage, et sentir la valeur de l’amitié. TOUT EST QUESTION D’ATTENTION, ai-je tendance à penser.

La ville est là, voitures et piétons, les bruits ne disparaissent pas.
Le quartier est là, nous nous saluons, sourire, bonjour, face légèrement déviée pour ne pas, et discutons à la mesure de notre mètre de distance.
La rue, l’immeuble, les jardins, le petit parc. Seuls nos enfants crient dans le jardin, rompent le manège des corbeaux. Quelques chiens qui ont le droit. Les oiseaux, vigoureux, c’est leur saison, entre 5h et 6h, puis vaquent. Finalement

Finalement, ne pas vouloir d’ailleurs, ne pas vouloir fuir, ne pas vouloir partir de la grisaille.
PENSER
Finalement, nous sommes bien ici.
Juste parce qu’il n’y a plus d’autres choix possibles ? Curieux esprit humain qui s’accommode des contraintes. Je souhaite juste, après cette sale histoire, que nous pourrons sortir et crier notre désaccord profond avec cette façon là de disposer du corps de l’autre. Crier pour stopper cette fuite en avant. Et compter nos morts et nos silences.

Ibrahim Maalouf – They don’t care about us

8.07 Un nouveau jour commence

S2. J13. RIEN
S2. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. Nous sommes vendredi 27. mars. 8h25. Ciel bleu timide.
Jour de l’atelier d’écriture adulte.

Non, ce matin, je n’y arriverai pas. La routine s’installe, l’écriture s’arrête d’elle-même, quoi écrire quand le corps répète jour après jour les mêmes mouvements, accepte l’absence de liberté, s’adapte pour survivre.
Où est la résistance quand la routine s’installe.
RYTHMES.
Nous avons besoin de rythmes pour mettre nos pas dans les traces du passé.
MAIS
Ecrire en s’occupant de la routine. Un mot – une injonction – un mot. Fin de l’écriture. Les enfants prennent la place. 8h40

S3. J15. Ou plutôt, dimanche 29 mars, 9h50. Ecrire les jours pour ne pas les oublier.

La maison se réveille en fanfare, les jeux tranquilles du chacun pour soi sont finis, les velléités s’expriment.
Comment faisons-nous les jours d’école pour ne pas prendre ce temps de latence, pour sortir des rêves et trouver respiration.

L’écriture se transforme en journal, plus de fulgurance. Ou plus pour l’instant. ça reviendra. Peut-être. Avec la liberté.

J34. Jeudi 16 avril 2020. 9h35. Ecrire les jours pour ne pas les oublier.
Blanc. Blanc de l’espace. Blanc du temps ensemble qui happe les envies. Reprendre les mots. Reprendre la main. Protéger l’espace intime de l’intrusion familiale. AU MOINS 10 MINUTES PAR JOUR. Comment est-ce possible

Le ciel bleu, je ne l’ai jamais vu ainsi, avant cette période trouble ou les voitures, les avions, ont disparu. Le ciel bleu parisien, métaphore de notre quotidien confiné.
Les mots sont partis, la danse est partie, la musique intérieure s’est éteinte.
Comment appeler son retour alors qu’à CHAQUE MOT écrit sur ce cahier, Cé. me questionne.

Ce que je fais ce matin, ça s’appelle forcer le chemin. Et même si le blanc est la couleur de l’espace qui m’entoure, espérer que de cet exercice, le suspens, quelques mots suspendus, surgissent et reflètent le printemps de l’âme.

L’exercice serait que, tous les jours, un petit peu, la fulgurance apparaisse pour ce qu’elle est, une chance à saisir.

Ombres des feuilles
Danse de la bise
Contre le mur blanc

Voler le temps pour écrire, c’est une hérésie qui de tout temps a habité les femmes. Il y a le reste, TOUT le reste, à assumer avant de pouvoir s’assoir, un stylo à la main, s’immerger, convoquer le blanc, et entendre ce qui vient du fond du corps (et qui n’est pas la dispute des garçons).
Et la culpabilité du fond des âges, tapie là où est le coeur, impossible de vivre sans (ni sans le sourire des garçons). 10.04

J35. Vendredi 17 avril. 15h00. Ecrire les jours pour ne pas les oublier.
Rien à dire, rien à faire, fuir.
Folle envie de prendre le RER et de partir déambuler dans Paris. Seule. Voir si les rues sont toujours là. Les monuments. Et la misère.
Et ceux qui ne sortent pas tous les jours. Parce que ne peuvent pas.
Folle envie de suivre la tranquillité du jardin, l’observation lente du printemps, pour voir la folie de la ville.
Les embouteillages de l’âme dans les lieux confinés.

Comment font-ils. Mais comment font-ils. Ils font. Ou ne font pas. ou fondent à vue d’œil. Ou dorment pour oublier que le temps d’une journée peut être long sans parler. sans manger.
Je ne sais pas. Ne pas écrire ce que je ne sais pas. Ne pas imaginer ce que je ne sais pas. Mais penser aux autres est aussi une nécessité.
Comment l’écrire.

Expérience de l’instantanéité. Ecrire, puis publier. Une vague relecture pour dire que. Ne pas attendre que l’urgence soit loin, ne pas perdre le goût des mots.
Instantanés.
Voler le temps pour écrire.
15.14

J36. Samedi 18 avril. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. 9h15.
Et ce matin encore, penser la suite.
Ce qu’il y aura après ce temps-là.
Et le doute s’installe.
L’engagement envers d’autres.
Dans ce cocon. là. c’est simple, les implications multiples sont familiales.
Vivre à 4. Est-ce suffisant.
Non, bien sur. Et l’intérêt d’écrire cette divagation est assez limitée, nous le savons toutes.
Et pourtant, ce matin encore.

Nous le savons toutes, nous savons toutes l’importance de TOUTES.
Ouvrir les yeux et se sentir vivantes en mots, autoriser les divagations multiples du féminin. Nous sommes femmes et nous pouvons écrire le féminin.
Révolution lente, lancinante, qui EST.

Bise du vent
Les nuages s’étirent
Et les nuances, bleues

Je n’ai pas grandi ainsi.
Invisible, sans être.
Faire comme si la question féminine ne me concernait pas.
Revivre ces jours. là. pour sentir le poids, être vivante, sans cet horizon. là.
La béance, vivre avec, combien de temps faudra-t-il pour combler en mots la béance. là.
Faudra-t-il inverser la règle pour quelques centaines d’années pour combler.
LE FEMININ L’EMPORTE SUR LE MASCULIN
Au moins à parts égales
9h45

J.38. Mardi 21 avril. Ecrire les jours pour ne pas les oublier.
9.42. Poser le téléphone. Trouver une solution. Sentir la pente douce, la glissade légère vers l’inconnu, l’incertain, l’incerné. Qu’en faire. Retropédaler.

Pourquoi toujours cette impression de devoir revenir à une situation originelle. Aller de l’avant, est-ce un leurre. Prévoir l’avenir est une ineptie, ça sent bien. là. tout de suite. Nous somme des êtres vulnérables, nous voguons à vue.
Les désirs futiles ne trouvent pas place en temps d’épidémie. Et pourtant.
Voir le jour nouveau se lever sans cette pointe d’espoir. là. déchire le cœur.

Il faudrait revenir au haïku pour trouver l’inspire, mais la langue est distordue et ne veut plus de cette voix-là

Ombres folles de la bise
Jetées contre le mur
Les feuilles dansent

Revenir au haïku pour sentir le poids des mots dans les pas.

Le confinement n’est pas une parenthèse.
Le confinement ne nous grandit pas, nous vieillit d’un ou deux mois peut-être.
Le confinement des enfants est un défi pour l’amour, ils grandissent vite et seuls, nous leur opposons notre individualité.
Notre existence seule soumise à l’enjeu de dessiner l’avenir.
Déchirons le cœur pour offrir l’inconnu, l’incertain, l’incerné à nos enfants.
Enfin, peut-être, sentirons-nous le souffle de vie.

Danse de la bise
Tout contre le mur, feuilles
Ou silhouettes

10.14. A demain

J.42. Samedi 25 avril. Ecrire les jours pour ne pas les oublier.

Calme avant la tempête
Herbe immobile
Le chat hésite

Rien à dire ce matin. Esprit embrouillé. Prévoir l’imprévisible est au delà de mes forces. Les mésanges grandissent, seule certitude.
Sentir le poids de la solitude chez les amies et  ne pouvoir proposer qu’un réconfort bref de mots.
Parenthèse.
Alors que mon esprit, embrouillé d’enfants. Coffee please.

Je le savais, je le sais, avec écout(é)cris, le mot le plus important, c’est le partage.
Est-ce que cet espace-là que je souhaitais existe bien
Tisser la toile malgré les distances
Sentir l’importance de ce temps-là pour les amies et pouvoir proposer un bref réconfort de mots. 11.08

J.43. Dimanche 26 avril. 9.20.
Ecrire les jours pour ne pas les oublier.
Et là, tiquer. J43. 43 jours. Ai-je bien compté.
Le ciel parisien a mis le bleu méditerrannée depuis 43 jours. Etait-ce prévisible.

Ce matin, dit à M. « Je peux aussi ranger mes ambitions « [pour m’occuper des enfants]
L’ai-je dit assez fort pour l’entendre
Petites voix chantent, heureuses
J’ai mis mon casque anti-bruit

Le cahier du confinement est mon petit cahier clairefontaine des trajets en train. coïncidence.
Ce matin, je relis le cahier qui prend fin. Débuté en septembre 2018, et hier, je lisais le « Raconter pourquoi » écrit au même moment avec le LAC. coïncidence.
Et ces mots tracés en septembre 2019 : « Comment garder le temps précieux du souffle de l’écriture. Les haïkus sont-ils toujours dans l’ombre des feuilles  » coïncidence. 10.00

Ombres immobiles
Les feuilles questionnent
Le silence frémit

J49. Samedi 2 mai. Ecrire les jours pour ne pas les oublier. 9.34.

Et ça devient sérieux. là.
Pourquoi plus maintenant qu’avant
Pourquoi tout à coup
Nous devons choisir l’incertain et nous fondre dans la masse. oublier. ce qui a fondé ce temps de repli.

Ce que retiendra Ni., ce sera les « testations ». « Et nous n’aurons plus besoin de testations pour sortir ? ». « C’est chiant les testations… »

Comme nous nous sommes assujettis facilement.
Heureusement, les yeux des enfants voient.

J49. Et les voisins, les voisines, je ne les ai pas encore tous vu à la fenêtre.

J49. J’aimerais savoir de quoi demain sera fait
Demain est un autre jour
Demain, dès l’aube

Les anciens poèmes deviennent proverbes
Et les nouveaux attendent dans les tiroirs. La poésie vibre en chacun de nous.
Qui es-tu pour ne pas voir
Est-ce là notre espoir
MASCARADE
9.50

J4226. Jours oubliés, écrire.
Cette période exacerbe nos failles
Nos seules limites, ce sont les autres intimités
Seules, plus rien ne nous retient.
Horizon Corporel
#TakeThisWaltz

Le 26 mai 2020 – #TakeThisWaltz – Joëlle Delers


#TakeThisWaltz, poème de Joëlle Delers, décembre 2020. Tous droits réservés.

#TakeThisWaltz a été écrit et initialement publié du 17 mars au 26 mai 2020 sur https://framapiaf.org/@jjjjdelers

(CC) BY-NC-ND
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