La routine de la marche quotidienne, c’est ouvrir l’œil à ce qui a changé depuis la veille.

Les bourgeons n’étaient pas là, les fleurs à peine écloses ou, plus tard, l’arbre dénudé ou presque.

Scruter à chaque pas, l’œil éveillé jamais ne s’arrête de chercher.

Je ne suis jamais seule dans mes pensées.

Je cherche ce qui pourrait arrêter mon regard, un vol d’insectes ou, plus haut, de corneilles.

Jamais l’œil éveillé ne s’arrête.

Chercher le moindre mouvement, la trace d’un passage, une ouverture vers un au-delà imaginaire.

La routine n’existe pas.

Mouvement perpétuel de la vie, vie mouvementée à la surface des éléments, ça grouille et ça pépite.

Je ne fais que passer dans la maison d’autres êtres vivants. Je reviendrai demain.

Joëlle Delers