Nous étions enfermés tout le jour
Mais dès la nuit tombée
Nous avons rencontré la lune et les étoiles
Après des heures d’ennui
tout au fond du jardin
Nous avons rencontré la lune et les étoiles
Le temps s’étirait, sombre
mais la nuit s’illuminait
Nous avons rencontré la lune et les étoiles
Si nous sommes entiers
c’est que la nuit nous a conseillé
Nous avons rencontré la lune et les étoiles
Pourvu qu’aucun virus ne vienne
ternir leur clarté
pourvu que nous gardions
le pouvoir de rêver.
Bérangère
Atelier Poésie Adulte Noisiel
Vendredi 18 septembre 2020
En compagnie de
Prévert, En sortant de l’école
Villon, La ballade des pendus
Retour en ballade, sur les pas de notre confinement du printemps.
Tout autour de la chaise
Nos rencontres hebdomadaires
sont incontournables
Musique et images par zoom
Au-dessus de la mer
Vagues de pluies fines
Tournant autour de la chaise
Assise ou debout
Lentement ou en courant
Mains cachées bras tendus
Au-dessus de la mer
Corneilles aux brumes
Au-dessus de la mer
Autour de la lune scintillent les étoiles
Mélanie
Chaise tournant au sol
Sur un ou deux pieds
En équilibre ou en l’air
Pliante ou fixe
Au-dessus de la mer
Nuages sombres poussés par le vent
Chaises réparties sur le plateau
Nous voici enfin réunies
Musique et rythmes mémorisés
marquent la virtuelle chorégraphie
Au-dessus de la mer
reviennent l’espoir et la joie de véritables rencontres
« Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés » François Villon
En sortant de mon deuxième étage
J’ai franchi la porte
Puis l’ascenseur
Puis la porte de l’immeuble
Et toutes les fleurs de toute la terre se sont mises à pousser
En sortant du passage
J’ai cherché un chemin
Le chemin qui m’a emmené
Près du lac des pêcheurs
Et toutes les fleurs de toute la terre se sont mises à pousser
En sortant de la ville
Soudain j’ai entendu le silence
Le silence que j’avais oublié
Et toutes les fleurs de toute la terre se sont mises à pousser
En sortant de mon lit
Soudain j’ai eu mal
Oui, oui mal au dos
Et puis j’ai retrouvé ma posture
J’ai retrouvé un lieu de vie
Un lieu de vie , je vous laisse deviner …
Et toutes les fleurs de toute la terre se sont mises à pousser .
Francine
Soleil éclatant
Bourgeons, roses à peine écloses
La stupeur, la torpeur
Aucun mot ne saisit l’instant
Jamais nul temps nous ne sommes assis
La marche des pas
La cadence de la journée, l’attente de la marche minutée
L’éveil, le corps en extension
Saisir l’essence de l’arrêt
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Et il y eut l’après, plus long que l’avant,
Qui n’en finissait pas de languir de l’avenir en suspens
Jamais nul temps nous ne sommes assis
C’est là que nous avons cueilli les fleurs du tilleul
Soleil éclatant
Les feuilles sèches tombent sans avoir le temps de mourir
Les entrailles grondent, bouillonnent, râlent
Que dire de ce jour-ci qui ne sera plus comme les jours d’avant
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Joëlle Delers
Confinés, enfermés, puis libérés,
Fenêtres ouvertes sur le ciel et ses nuées,
Nous respirons à nous étouffer
L’air vicié et repollué.
Moineaux et rossignols ont déserté,
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés.
La chaleur écrasante nous fait suer,
Les manques d’affection nous font pleurer,
Gel sur les mains, masque sur le nez,
A distance, il nous faut continuer.
Moineaux et rossignols ont déserté,
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés.
Allez, repartons travailler
Evitons de nous embrasser
De loin, nous allons nous saluer
Les mains toujours les laver
Les vêtements à désinfecter
Les poignées, les boutons à ne pas toucher
Moineaux et rossignols ont déserté,
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés.
On a envie de crier
C’est assez
On a envie de respirer
La liberté
On a envie de terminer
La vie qu’on a commencée…
Moineaux et rossignols ont déserté,
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés.
Yse Nelsen
Nous nous sommes interrompus
Nous avons écouté les soupirs du monde
Nous avons, nous aussi, soupiré et parfois même, respiré…
Nous avons rencontré la lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon.
Il nous a fallu reprendre la course
Assommés Étouffés Desséchés
Brutalisés Aseptisés Humiliés
Et pourtant, nous avions rencontré la lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon.
Pourquoi nous laissons-nous faire ?
Pourquoi avons-nous si peur ?
Pourquoi ne crions-nous pas ?
Nous avions rencontré la lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon.
VALERIE ET J. P.
Pas encore
Pas encore eu le temps,
pas encore eu l’audace
d’apprendre à dire Moi
que déjà, je pense Nous.
Et lui qui, visiblement,
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Pas encore le moment
de nous trouver une place.
Qu’avons-nous fait de ces longs mois ?
Si loin mais déjà si Nous.
Et lui qui, décidément,
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Pas encore eu le cran
d’amorcer la trace,
l’empreinte du vrai Moi,
que le vent me souffle Nous.
Et lui qui, inconsciemment,
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Pas encore tout à fait conscients
de nous voiler la face,
mais si proches je crois,
si proches enfin d’être Nous.
Et lui qui, à contre-courant,
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Dominique Tesseron
Ballades écrites par l’Atelier Poésie Adulte de Noisiel le 18 septembre 2020.
A partir du poème de François Villon, “La ballade des pendus”, et du poème de Jacques Prévert “En sortant de l’école”.