CHÈRE CAMILLE,

J’ai eu l’occasion de visiter hier l’atelier de Rodin situé à Meudon en compagnie de Juliette, un de ses modèles.
L’atelier était vide des compagnons de Rodin mais la présence des êtres sculptés, seuls ou en couple, hommes, femmes, en miniature ou géants, pensifs, vaillants ou accablés, manifeste vigoureusement toute la vie humaine.
Mais c’est à l’écart de l’atelier que mon regard fut attiré par les traits d’une vieille dame, portrait craché de ma grand-mère que j’ai tant aimée. Chaque ride tel le cerne d’un arbre est la marque d’une décennie de joies et d’épreuves, surplombant des sourcils remplis d’étonnement et d’interrogation. Son regard pétillant d’espoir et ses pommettes rehaussent la gravité de son visage. Le sourire fermé de ses lèvres cache certainement une dentition abîmée. Son menton légèrement monté vers le ciel montre le chemin et signe l’ouverture d’esprit. Sa beauté intérieure et extérieure à la fois montre l’ambiguïté d’une vie certainement rude et sereine.
A travers Hélène tu as su façonner toutes les femmes du monde. Qui sont-elles ? Que font-elles ? Comment vivent-elles ? Quel fardeau portent-elles, au sens propre et au sens figuré ? Quels sont leurs droits de penser, de dire, de faire, et de vivre tout simplement ? Les comprend-on ? Les protège-t-on ? Les aime-t-on ?
Regarder Hélène nous ramène à une simple leçon de vie, vers celles qui nous ont donné la vie, que nous avons aimées, que nous aimons, afin de ne pas les oublier.
Envie de la prendre dans mes bras, de caresser son visage si lisse et si fin, de l’embrasser, de lui parler.
Merci Camille de nous transmettre si fidèlement la
féminité du monde.

Mélanie

Atelier Poésie Adulte Noisiel

Vendredi 9 octobre 2020

Nous commençons un parcours avec Camille Claudel, qui nous emmènera, nous le souhaitons, jusqu’au Musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine.

Pour lire nos textes « avec Camille », c’est ici.

Chère Camille,

La main, la force de la main
J’imagine ta main ferme de volonté.
La sculpture devait vivre dans tes pensées. Elle devait t’habiter. Car elle vit encore devant nos yeux.
C’est l’amour qui jaillit, la passion, la chair vibre autant que l’âme dans la matière. Tu as donné ton âme à la matière. Elle t’a quitté. L’âme et la matière.
Et dans les yeux de la Vieille Hélène, dans la valse des amants, c’est toi que nous voyons,
La force de ta main,
Ta main, ferme de volonté.

Joëlle Delers

Camille,

Le mouvement, je connais.
Dans le geste, je me reconnais.
Le toucher, j’imagine.
Juste j’imagine.

Être la valse,
Naître.
Renaître sous l’agilité de vos doigts.
Devenir cet ensemble
De dureté et de fragilité
Subtilement mêlés.

J’aimerais être cette valse,
Votre valse, touchante,
Touchée, juste touchée.

Dominique Tesseron

Chère Camille,

Tu la connais bien cette valse. Tu l’as dansée quelques fois, quelques
magnifiques fois. Laisser le vertige t’emporter. Laisser l’Amour t’enivrer.
Et tant pis si demain, si tout à l’heure, la musique s’éteint. Tant pis si l’Amour se
tait. Tant pis si son silence te tue.
Je t’embrasse

Valérie

Camille,

Quelle n’a été ta force pour fendre la masse,
Quels n’ont été tes muscles pour tailler dans le marbre et la pierre,
Quelle fronde menée pour que dans tes courbes capitule le bronze,
Qu’il cède dans la fonte des milliers d’arpents de ton désir.

Quels n’ont été tes os puissants muant la matière brute et dure en sève brûlante.
Ne t’es-tu mutilée dans la découpe, écorchée, vaincue, dans le coeur rocailleux de ton mentor.
Terre aride et heurtée dans la marche forcée du premier homme annonçant la horde

Hayet

Ah Camille frêle et robuste
vous sculptez torses et bustes

quand de la pierre lourde
jaillit votre colère sourde

c’est elle qui vous inspire
ce génie vous fait souffrir

du roc empreint de froideur
vos mains extirpent la douceur

oeuvre de légèreté
ces deux corps arqués

douces formes arrondies
de vos doigts sont polies

tout est finesse et sensualité
la souplesse et le froissé.

Bérangère

Madame,
Je ne vous connais pas, mais j’ai vu votre dernière exposition. Et je suis restée stupéfaite devant votre sculpture de la valse.
Vous avez si bien rendu la force et la violence masculine entraînant une pauvre fille toute frêle dans un tourbillon qui la mènera inévitablement à se donner à cette virilité criante.
Et après? Avez-vous songé à ce que votre oeuvre engendre? L’asservissement de cette jeune écervelée aux volontés de son homme autoritaire et égoïste. La souffrance sous les pulsions masculines assouvies. L’abnégation de ses propres désirs, de ses espoirs de jeune femme idéaliste.
Madame, vous avez enfanté là une malheureuse et un monstre. Je ne vous salue pas.

Yse Nelsen

Chère Camille,

Au XXIe siècle, tu es toujours présente, la preuve nous pensons toujours à toi.
D’ailleurs nous parlons de toi.
Je suis allée voir tes oeuvres au musée Camille Claudel et nous avons découvert
Nogent-sur-Seine.
Notre guide nous a beaucoup raconté et même si je n’ai pas tout retenu, j’ai admiré tes oeuvres qui sont immortelles. Les mots qui me viennent sont LUMIÈRE,
EXALTATION, SENSUALITÉ, FORCE.
Ce que tu as sculpté ne reflète pas ton état d’âme mais sans doute ton âme et ton
immortalité.
Chaque oeuvre est là bien exposée.
Si je regarde, je sens ta force et ta sueur et le temps passé à travailler.
Ce qui compte c’est l’aboutissement. Alors oui je vais retourner dans ce musée et je ne pense que je verrai tes oeuvres avec d’autres yeux.
A bientôt. Je ne t’embrasse pas car depuis mars 2020 c’est très déconseillé ce serait
trop long à t’expliquer.
Tu ne me croirais même pas …

Francine