Maison de quartier de la Ferme du Buisson – Noisiel
Avec Bérangère, Francine, Hayet, Joëlle Delers, Mélanie, Nathalie Guéret
A partir du poème de Nicolas Bouvier Hira-Mandi Le dehors et le dedans Editions Points 2007
Halo
Instant précis, pause non obligatoire Posture précise , geste quotidien Thé vert odeur de jasmin Figue fraîche , brillance et opulence Nuit dans la ville et lumière Le Gange a ses mystères Chaque personne prie et fait des offrandes Petits pas, petits pieds Pieds nus vêtement de lin Légèreté dans les couleurs Nuages blancs, ciel bleu, toge rouge Et du vert par ci par là.
Francine
Cerf-volant
Immobile dans le ciel Le cerf-volant est posé Si haut Si loin Du figuier de Bouddha Encore trop petit Encore arbuste Qui peine à s’élever.
Miroir de son âme Qui voudrait elle aussi grandir
Celui du ciel immense Vers lequel s’épanouir ou s’évader Tendre pour l’atteindre un jour Du bout des feuilles et des fruits Par mon âme allégée.
Nathalie Guéret
Samovar
La route est longue La pente est raide Depuis l’aube blonde Un bâton pour seule aide Les corps se crispent Mais leur âme n’est pas triste Ils arrivent en rangs Se posent sur les bancs Ils hument le thé Qui va les réconforter Le liquide s’écoule doucement Presque silencieusement Le samovar passe Chacun sa tasse Dans les gorges il s’écoule Réchauffe les cœurs Oubliant la houle Oubliant les peurs Ainsi ils pourront aller Heureux et rassasiés Peut être envoûtés Dieu seul le sait
Bérangère
Échoppe
Petite boutique d’images où le regard achoppe piégé, ravi de l’assaut joyeux des couleurs d’un peuple venant inonder son âme.
Hayet
Les pèlerins
Visages émaciés, corps éreintés, Dure journée à sarcler et à marauder Au milieu des champs givrés et ventés, Moment de recueillement des moines Au pied de Bouddha, Rythmé par des psaumes langoureux Et une musique stridente. Visages émaciés, corps éreintés, Les pèlerins ont parcouru de vastes plaines, Gravi des pentes rugueuses, Franchi des cols invisibles, Pour des offrandes communes Et un moment de partage. Peut-être Peut-être hier Peut-être demain
Peut-être une odeur Peut-être un mouvement Peut-être une image Peut-être un son Peut-être un souvenir.
Peut-être un arôme Peut-être un voyage Peut-être une photo Peut-être une musique Peut-être une danse Peut-être une envie Peut-être un plaisir.
Mélanie
Acétylène
S’accrocher à une branche La plus haute D’une main, cramponnée Comme un fruit trop mur Qui attend d’être cueilli Ou de tomber Je vais grimper aux branches de figuier Me blottir dans son ombre Suspendre le temps, attendre la chaleur de l’être Et ensuite, peut-être, suivre la route tracée par tant d’hommes avant moi Aller et revenir Quitter le pays natal pour mieux y retourner. Petits pas petit souffle. Respire Il n’est pas dit qui aura le dernier mot quand les hommes se taisent. Il n’est en tout cas plus question de dormir.