Atelier Poésie Adulte du 13 décembre 2019

Maison de quartier de la Ferme du Buisson – Noisiel

Avec Bérangère, Francine, Hayet, Joëlle Delers, Mélanie, Nathalie Guéret

A partir du poème de Nicolas Bouvier
Hira-Mandi

Le dehors et le dedans Editions Points 2007

Halo

Instant précis, pause non obligatoire
Posture précise , geste quotidien
Thé vert odeur de jasmin
Figue fraîche , brillance et opulence
Nuit dans la ville et lumière
Le Gange a ses mystères
Chaque personne prie et fait des offrandes
Petits pas, petits pieds
Pieds nus vêtement de lin
Légèreté dans les couleurs
Nuages blancs, ciel bleu, toge rouge
Et du vert par ci par là.

Francine

Cerf-volant

Immobile dans le ciel
Le cerf-volant est posé
Si haut
Si loin
Du figuier de Bouddha
Encore trop petit
Encore arbuste
Qui peine à s’élever.

Miroir de son âme
Qui voudrait elle aussi grandir

Celui du ciel immense
Vers lequel s’épanouir ou s’évader
Tendre pour l’atteindre un jour
Du bout des feuilles et des fruits
Par mon âme allégée.

Nathalie Guéret

Samovar

La route est longue
La pente est raide
Depuis l’aube blonde
Un bâton pour seule aide
Les corps se crispent
Mais leur âme n’est pas triste
Ils arrivent en rangs
Se posent sur les bancs
Ils hument le thé
Qui va les réconforter
Le liquide s’écoule doucement
Presque silencieusement
Le samovar passe
Chacun sa tasse
Dans les gorges il s’écoule
Réchauffe les cœurs
Oubliant la houle
Oubliant les peurs
Ainsi ils pourront aller
Heureux et rassasiés
Peut être envoûtés
Dieu seul le sait

Bérangère

Échoppe

Petite boutique d’images où le regard achoppe
piégé, ravi de l’assaut joyeux des couleurs
d’un peuple venant inonder son âme.

Hayet

Les pèlerins

Visages émaciés, corps éreintés,
Dure journée à sarcler et à marauder
Au milieu des champs givrés et ventés,
Moment de recueillement des moines
Au pied de Bouddha,
Rythmé par des psaumes langoureux
Et une musique stridente.
Visages émaciés, corps éreintés,
Les pèlerins ont parcouru de vastes plaines,
Gravi des pentes rugueuses,
Franchi des cols invisibles,
Pour des offrandes communes
Et un moment de partage.
Peut-être
Peut-être hier
Peut-être demain

Peut-être une odeur
Peut-être un mouvement
Peut-être une image
Peut-être un son
Peut-être un souvenir.

Peut-être un arôme
Peut-être un voyage
Peut-être une photo
Peut-être une musique
Peut-être une danse
Peut-être une envie
Peut-être un plaisir.

Mélanie

Acétylène

S’accrocher à une branche
La plus haute
D’une main, cramponnée
Comme un fruit trop mur
Qui attend d’être cueilli
Ou de tomber
Je vais grimper aux branches de figuier
Me blottir dans son ombre
Suspendre le temps, attendre la chaleur de l’être
Et ensuite, peut-être, suivre la route tracée par tant d’hommes avant moi
Aller et revenir
Quitter le pays natal pour mieux y retourner. Petits pas petit souffle.
Respire
Il n’est pas dit qui aura le dernier mot quand les hommes se taisent.
Il n’est en tout cas plus question de dormir.

Joëlle Delers