RV du vendredi 23 septembre 2022
Avec Erri de Luca et sa nouvelle Visite à un arbre
Dans le livre Le poids du papillon [Il peso della farfalla]
Trad. de l’italien par Danièle Valin, Collection Folio (n° 5505), Parution : 02-11-2012
Tel un arbre, les branches tendues, une image lointaine me revient.
Celle de ma petite « mamée » qui levait ses bras au ciel et me coursait en dévalant le sentier rocailleux qui menait au ruisseau.
La foudre se lisait rapidement dans ses yeux. Comme le tonnerre grondant, elle criait en m’appelant, son accent roulant les R comme les cailloux qui déboulaient jusqu’au bout du chemin.
Au bord de l’eau, je l’attendais un peu inquiète. Mais l’orage s’éloigna bien vite, son regard se fit tendre et, rassurée, elle m’attirait à elle pour me serrer très fort contre son cœur…
Mireille M.
Il est promis à la cendre, c’est inéluctable. C’est son destin, comme c’est le nôtre, la cendre, la poussière.
La poussière, la cendre, qui s’envole aux quatre coins pour se déposer ailleurs, au loin ou pas. Qui peut-être, au pied d’un arbre, d’un buisson, d’une fleur donnera encore une parcelle d’énergie et poursuivra sans faiblir le cycle ininterrompu de la vie.
Marie-Odile C.
L’automne est arrivée ce 23 septembre
Sous la lumière d’un coucher de soleil
On devine à peine le toit de la ferme
Devant nous, telle une étreinte nuptiale, le feu du soleil et le bleu du ciel se juxtapose.
L’étreinte ne dure pas car déjà la nuit tombe, je sais que s’il ne pleut pas, je pourrai revoir cette étreinte nuptiale demain.
Je voudrai m’allonger sous la lumière sans gêne ni d’objets, ni d’accessoire, pas de lunettes, juste les yeux, qui ne voit que le feu du soleil et le bleu du ciel
Une étreinte nuptiale qui se renouvelle peut-être ici mais sûrement ailleurs
Francine M.
Fatiguée, préoccupée,
Je décide d’aller en forêt.
C’est la tombée de la nuit.
Les humains sont partis.
Je préfère !
Des puits de lumière, une biche qui passe.
Un sanglier qui fouille la terre.
Des insectes sous la mousse.
L’humus qui renvoie au sauvage.
Les champignons multicolores.
Un écureuil curieux .
Je marche, j’écoute, j’observe.
Alors , je le vois…
Il est la ! Toujours aussi haut !
Une branche brisée par le dernier orage.
Des feuilles rougeâtres qui commencent à tomber.
Un tronc énorme,
Des racines en pattes d’éléphant.
Je m’assois auprès de lui, je le colle.
J’ai besoin de son énergie.
J’ai besoin de calme, de douceur.
Je sens la sève qui monte.
Une boule dans la gorge,
Besoin de poser les mots, mes maux.
J’ai oublié mon cahier.
Juste une feuille vierge froissée.
Et un stylo, à l’encre usée.
Alors les mots sortent,
Ils se couchent sur la feuille.
Mes larmes coulent,
Je me sens bien, apaisée.
Je ne bouge plus,
Je suis là , contre lui.
Je suis bien…
Valérie R.
J’ai perdu le contact avec le sol,
Je ne perçois plus que des sons.
J’entends leurs voix au loin,
Comme des échos. Et puis plus rien.
Je glisse au dessus du vide, vive et légère,
Je ne suis plus qu’un courant d’air,
Je ne suis plus qu’un frisson.
J’ai perdu le contact avec le sol.
Dominique T.
Je vois la lumière au-dessus de ma tête. Elle m’attire comme un aimant attirerait une poignée de clous. Je me déplie lentement.
La lumière éclaire un champ de fleurs : pâquerettes, coquelicots, tournesols. Je me sens bien, je vole, enfin je m’envole !
Quelqu’un a soufflé sur moi, je suis libre d’aller où le vent me porte.
D’ailleurs, il m’emporte vers la lumière. Je suis la fleur du pissenlit.
Nicole D.
« L’espace d’une seconde, j’ai perdu le contact avec le sol.»
Juste l’air autour de mon corps. suspension. envol. Je n’avais plus de poids. Je suis devenue le souffle le temps d’une seconde. C’était le jour où j’ai glissé sur un trottoir humide. Je ne devais pas être sûre d’aller au bon endroit. Je m’en suis rendue compte quand j’ai repris contact avec le sol.
Joëlle Delers